Germain Katanga & Mathieu Ngudjolo Chui in court
qui sommes Germain Katanga &
Mathieu Ngudjolo Chui?

Par Taegin Stevenson

Dans sa plaidoirie introductive, le Procureur en chef, Luis Moreno-Ocampo, a présenté les éléments à charge contre Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chiu. Il a décrit l’attaque comme une « conséquence des défaillances nationales et internationales dans la prévention … des crimes de masse » tels que le génocide rwandais. M. Ocampo a également exposé en détail l’utilisation d’enfants soldats ainsi que les meurtres, viols et pillages violents qui ont été commis lors de l’attaque sur Bogoro et la manière dont elle aurait été planifiée par les accusés.

Après l’exposé de M. Ocampo, le procureur adjoint Fatou Bensouda a rappelé le contexte et l’existence d’un conflit armé en Ituri à l’époque de la commission des crimes. Elle a replacé l’affaire contre Katanga et Ngudjolo dans le contexte du Congo, à savoir lors du déroulement d’un conflit international de grande envergure dans lequel neuf états ont été impliqués et qui a entraîné la mort de près de quatre millions de personnes entre 1998 et 2004. Mme Bensouda a ensuite avancé que l’attaque de Bogoro par les accusés faisait partie d’attaques généralisées et systématiques contre les civils.

Et en conclusion, le procureur principal Eric MacDonald a traité de la responsabilité pénale individuelle de M. Katanga et M. Ngudjolo. Il a argué que la responsabilité des accusés était fondée sur leur « autorité en ligne directe » qu’ils exerçaient en tant que chefs de deux groupes armés ayant participé à l’attaque de Bogoro.

La transcription complète du premier jour du procès, comprenant les exposés introductifs de M. Ocampo, Mme Bensouda et M. MacDonald, peut être consultée à l’adresse : http://www.icc-cpi.int/NR/exeres/BB95CE30-5C9C-428B-BDD9-1B8BF127D2B8.htm

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M. MORENO OCAMPO (interprétation de lʹanglais) : Monsieur le Président, Mesdames les juges, le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale représentant 110 États parties au Statut de Rome et des citoyens engagés de lʹensemble du monde allègue que Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui sont responsables de certains des crimes les plus graves qui touchent lʹensemble de la communauté internationale.

LʹAccusation fait valoir quʹils sont pénalement responsables de crimes contre lʹhumanité et de crimes de guerre commis à Bogoro 1 en République démocratique du Congo le 24 février 2003.

Ils ont utilisé des enfants comme soldats. Ils ont tué plus de 200 civils en quelques heures ; ils ont violé des femmes, des fillettes et des femmes âgées. Ils ont pillé tout le village et ils ont transformé des femmes en esclave sexuel.

M. Katanga et M. Mathieu Ngudjolo étaient les chefs de milices composées de membres des communautés lendu et ngiti. Ils participaient à un conflit armé avec lʹUPC, une milice composée de manière prédominante de membres de la communauté hema et dirigée par Thomas Lubanga. Lʹattaque de Bogoro nʹétait pas un événement isolé. Lʹattaque faisait partie dʹun plan plus général et de grande ampleur contre la population de lʹIturi. Lʹattaque de Bogoro a eu lieu au terme de deux guerres congolaises. Ces conflits négligés… ces guerres congolaises ont impliqué plus de neuf pays africains pendant plus de quatre ans de combat.

En conséquence de ces guerres, 4 millions ou presque ont perdu la vie. Faisant des guerres du Congo les conflits les plus graves depuis la deuxième guerre mondiale. À lʹorigine de ces guerres congolaises se trouve le génocide au Rwanda.

En avril 1994, la communauté internationale nʹa pas agi lorsque le génocide a démarré au Rwanda. 1 million 50 mille personnes ont été exterminées en trois mois. Certains des génocidaires ont pu fuir vers le Congo voisin. Là ils se sont regroupés et sont devenus un facteur crucial dans le déclenchement des deux guerres du Congo. Lʹattaque de Bogoro est une conséquence des défaillances nationales et internationales à prévenir et à contrôler de tels crimes de masse.

Le Statut de Rome a été adopté en 1998 pour mettre un terme à lʹimpunité vis‐à‐vis de tels crimes, des crimes dont nous pensions quʹils ne se reproduiraient plus, pour les voir réapparaître toujours et encore devant nos yeux.

Cette Cour pénale internationale pas nʹa pas compétence 1 sur la plupart des crimes commis pendant les guerres du Congo, mais mon Bureau est déterminé à rendre justice aux victimes de Bogoro et à contribuer à mettre un terme au cycle de violence en Ituri et dans la région des Grands Lacs, une région encore instable.

Il est temps de mettre en oeuvre le Statut de Rome, de prévenir le génocide, de prévenir une autre guerre congolaise et de faire de cette promesse jamais plus une réalité. Les victimes de crimes de masse ne seront plus ignorées. Les populations de localités comme Bogoro, Bunia, Aveba et Zumbe doivent savoir quʹelles ne sont pas seules. Quʹelles nʹont pas besoin dʹavoir recours une nouvelle fois à la violence.

Les Hema, les Ngiti, les Lendu, le peuple dʹIturi doit sentir quʹil appartient à la communauté globale et que nous sommes ses frères et ses soeurs. 

Le Statut de Rome bâtit une communauté globale pour protéger les droits des victimes partout dans le monde.

Monsieur le Président, je vais utiliser une diapositive pour expliquer où se trouve Bogoro et pourquoi est‐ce que Katanga et Ngudjolo ont décidé de sʹattaquer à Bogoro. Je vais utiliser cette carte et ensuite vous montrer une image satellite pour vous montrer la situation.

Vous verrez que Bogoro se trouve à la croisée des chemins sur la route vers Bunia. MM. Katanga et Ngudjolo ont planifié lʹattaque de Bogoro de manière à ouvrir la route entre Bunia et Kasenyi et en même temps de manière à prévenir des attaques de lʹUPC sur les voisins… sur les villages voisins lendu et ngiti.

LʹUPC disposait dʹun camp militaire au centre de Bogoro. Il était situé à lʹinstitut de Bogoro. Vous pouvez voir sa position sur la photo et la tranchée qui entourait lʹinstitut de Bogoro.

Voici donc la situation, vous voyez un croisement des chemins ; lʹUPC se trouve là, mais le plan de M. Ngudjolo et de M. Katanga ne visait pas 1 seulement à porter un coup fatal à lʹUPC, le plan visait à effacer Bogoro, à détruire non seulement le camp de lʹUPC, mais également lʹensemble du village civil ; cʹétait là le plan et cʹest là la position du Bureau du Procureur.

Lʹattaque menée contre Bogoro lʹa été en vagues successives de violences.

À environ 5 h 30 du matin des centaines dʹhommes, de femmes et dʹenfants sous le commandement de Katanga et Ngudjolo armés dʹarmes automatiques, de machettes et de lances sont descendus sur le centre du village.

Les forces de MM. Katanga et Ngudjolo nʹont pas fait de distinction entre les cibles militaires et les cibles non militaires.

Lorsquʹil a été interrogé sur le nombre de morts civils, M. Ngudjolo a répondu — et je le cite : « Il nʹy a aucun civil parmi les Hema. Ils sont tous des soldats. »

Par conséquent, les civils et les soldats de lʹUPC ont été tués sans distinction, certains ont été abattus alors quʹils dormaient ; certains ont été découpés à la machette pour économiser les balles ; dʹautres ont été brûlés vifs après que leur maison ait été incendiée par les assaillants.

Réveillés par les échanges de tirs et par les cris de leurs voisins, certains civils ont cherché à fuir mais ont constaté que les routes avaient été bloquées.

La plupart dʹentre eux ont été abattus alors quʹils sʹenfuyaient. Beaucoup ont cherché refuge à lʹinstitut de Bogoro, au centre de la ville. Ils étaient là des proies faciles. Comme vous lʹentendrez, les corps sans vie de civils ont rempli les salles de lʹinstitut de Bogoro. Des victimes viendront ici vous raconter, raconter à la Cour les assassinats brutaux. Certains ont été contraints à assister au meurtre de membres de leur propre famille — et je cite : « Les combattants mʹont ordonné de quitter la maison avec mes enfants et ils nous ont entourés. Jʹai pris mes enfants par la main mais les combattants les ont arrêtés et lʹun des combattants a tiré sur mes deux filles, sur place. 1 Il nʹa tiré que deux fois avec son arme. »

Certains sont parvenus à se cacher dans la brousse alors que dʹautres ont été capturés mais le massacre et les destructions nʹétaient pas terminés.

Comme une victime vous le racontera — et je cite une nouvelle fois : « De là où nous nous trouvions, nous pouvions voir que chaque fois que les assaillants rencontraient quelquʹun, ils le tuaient et le découpaient en morceaux. Ils tuaient tout le monde. Ils nʹétablissaient pas de distinction entre les hommes, les femmes, les enfants ou les vieillards. »

Les troupes de lʹaccusé ont dʹabord violé et ensuite tué des femmes. Deux enfants‐soldats ont trouvé une femme de 50 ans malade et épuisée dans une maison à lʹextérieur du village. Lʹun des enfants‐soldats a décrit la scène comme suit : « La maman nous a dit que nous étions comme ses enfants, et elle a commencé à pleurer. Nous sommes partis. Nous nʹavons pas eu le courage de la tuer. » Cʹest ce quʹil a dit. Mais dʹautres membres des forces de Katanga et Ngudjolo ont suivi, eux, les ordres donnés de tuer.

Les enfants‐soldats expliquent encore : « Nous lʹavons retrouvée déshabillée, nue comme un animal. Elle avait été étranglée et sa langue sortait. Ses jambes étaient ouvertes. Lʹune de ses jambes était attachée avec des cordes au poteau au milieu de la maison et lʹautre jambe était attachée à la porte. Elle était morte.»

À la fin de lʹaprès‐midi, les cris sʹétaient tus, des corps sans vie entouraient les commandants. Les maisons qui avaient été réduites en cendres continuaient à fumer. Les commandants étaient félicités par leurs troupes pour un travail bien fait. 

Un témoin déclarera — et je le cite : « Les officiers sʹétaient installés là au milieu de la ville. Ils avaient mis quelques chaises. Ils buvaient de la bière et se sont ensuite enivrés. Et ils félicitaient même le commandant 1 qui avait mené lʹopération. » 

Le jour suivant des civils capturés ont été forcés, sous la menace dʹune arme, à faire sortir par la ruse dʹautres membres de la communauté qui se cachaient dans la brousse. Lorsquʹils sont apparus, ces survivants ont été exécutés brutalement. Lʹattaque conjointe avait atteint son but. Mais lʹhorreur nʹétait pas encore à son terme pour les femmes de Bogoro. Capturées certaines femmes ont dissimulé leur identité Hema pour sauver leur vie. Ceux… Celles qui étaient révélées ensuite comme étant des Hema étaient tuées, les autres étaient violées et forcées au mariage en tant que épouse des combattants ou détenues pour servir dʹesclave sexuel aux soldats de M. Katanga ou de M. Ngudjolo.

Toutes ces femmes ont été persécutées à cause de leur sexe. Elles ont été tout particulièrement visées, parce quʹelles étaient des femmes. 

Monsieur le Président, Mesdames les juges, lʹAccusation montrera que Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo avaient planifié lʹattaque ; quʹils étaient les commandants en chef des forces qui ont tué, violé et pillé les civils et quʹils avaient tous les deux lʹintention de mener à bien leur opération criminelle et quʹils en étaient satisfait. Katanga sʹest venté du fait quʹil avait ordonné et planifié lʹattaque et a décrit brutalement ses objectifs documentant de manière ouverte les atrocités qui avaient été commises. Il a déclaré — et je cite : « Quant à Bogoro qui est un village à prédominance Hema, lʹattaque a été menée pour prendre une revanche sur les massacres qui avaient été perpétrés par les Hema dans un autre village. » Et en riant il a ajouté : « Rien nʹa été épargné, absolument rien. Les poulets, les chèvres, tout, de toute façon il ne restait rien. Il ne restait rien. Tout avait été effacé. » 

Monsieur le Président, Mesdames les juges, le Procureur adjoint, Fatou Bensouda, va maintenant vous décrire le contexte dans lequel ces crimes ont été commis.

Mme BENSOUDA (interprétation de lʹanglais) : Monsieur le Président, Mesdames les juges, les éléments de preuve du Bureau du 1 Procureur montreront que lorsque lʹattaque a eu lieu sur Bogoro un conflit armé existait et avait lieu dans le territoire de lʹIturi et auquel participaient plusieurs groupes armés organisés comprenant lʹUPC, le FNI, le FRPI ainsi que lʹarmée ougandaise.

Le Procureur a mentionné plus tôt dans sa présentation que ce conflit trouve son origine dans le génocide perpétré en 1994 au Rwanda limitrophe, suivant lequel des génocidaires ont fui ce pays et se sont regroupés au Congo.

Le génocide rwandais est à lʹorigine des deux guerres qui ont secoué le Congo.

En 1996, un premier conflit a éclaté au Congo, appelé alors le Zaïre. Il a été déclenché par la présence dans les provinces de lʹest de la RDC des génocidaires rwandais qui ont commencé à lancer des attaques contre le Rwanda, depuis leurs positions dans les provinces du Kivu. LʹOuganda et le Rwanda apportaient un appui à un groupe rebelle commandé par Laurent‐Désiré Kabila opposé à celui qui dirigeait alors le Zaïre, Mobutu Sese Seko et ont joué un rôle clé dans la destitution de Mobutu en 1997.

En 1998, un second conflit de plus grande envergure a éclaté au Congo après que les relations entre Kabila père et le nouveau président du pays et ses anciens alliés se sont détériorées.

Sous la pression de la communauté internationale, le Rwanda et lʹOuganda ont retiré leurs troupes dʹune grande partie du territoire congolais, sauf à lʹest du pays. LʹOuganda a renforcé sa présence sur un vaste territoire de la province orientale qui comprenait lʹIturi. Et le Rwanda a fait… a consolidé sa présence dans les Kivu également. Au moins neuf pays et de nombreuses milices locales ont pris part à ces guerres. On estime que près… quʹentre 1998 et 2003, près de 4 millions de personnes ont péri en raison de ces événements. Ils sont en grande partie morts de maladie et de famine puisque la population a été déplacée et a fui les zones de combat.

Au début du second conflit, les 1 groupes armés autoproclamés, des groupes politico‐militaires ont pris le contrôle de lʹIturi avec lʹappui de lʹOuganda et du Rwanda.

Chacun de ces gouvernements soutenait à des moments différents les milices basées en Ituri en fournissant armes, munitions et uniformes, en transmettant leur savoir‐faire militaire et en procédant à lʹinstruction de ces troupes et en leur apportant des fonds. Lʹest de la République démocratique du Congo dont lʹIturi est une région riche et fertile. Le conflit armé qui a donné lieu à lʹattaque de Bogoro a éclaté au milieu de lʹannée 1999 sous la forme de querelles relatives à la possession des terres et de violents heurts entre les groupes hema et lendu.

 À la fin de lʹannée 2001, cette violence se manifestait par de rudes attaques lancées par chacun des deux groupes contre des villages.

En avril 2002, les états impliqués dans les conflits survenus au Congo ainsi que les principaux groupes congolais ont entamé des pourparlers de paix à Sun City en Afrique du Sud.

En avril 2002, après avoir été exclu des négociations de Sun City, Thomas Lubanga a publiquement annoncé la formation de son propre mouvement politico‐militaire, lʹUPC à dominance hema. Au début, lʹUPC a bénéficié du soutien de lʹarmée ougandaise avant de changer dʹalliance et de recevoir lʹappui du Rwanda.

En août 2002, lʹUPC a pris la ville de Bunia. Les habitants qui nʹétaient pas Hema ont été déplacés et ont fui vers le sud, principalement dans la région de Beni, dans le nord Kivu. Mathieu Ngudjolo, un Lendu, a fui Bunia. Il est rentré dans son village de Zumbe, dans le territoire de Djugu.

À partir dʹaoût 2002, les forces de lʹUPC et les groupes armés ngiti étaient engagés dans ce conflit armé.

À lʹautomne 2002, les Ngiti et certains Lendu avaient rejoint les forces rassemblées sous la bannière de la FRPI. Au même moment, d1 ʹautres Lendu avaient formé le FNI. Une fois arrivé à Zumbe, Mathieu Ngudjolo a pris la tête des combattants lendu cantonnés dans cette région. 

À lʹautomne 2002, à partir de son camp basé au village dʹAveba, Germain Katanga dʹorigine ngiti est devenu le chef de la FRPI.

Le 6 mars 2003, lʹarmée ougandaise, avec lʹappui des forces FNI et FRPI ont attaqué lʹUPC à Bunia et occupé des secteurs de la ville.

Et le 6 mai 2003, sous la pression de la communauté internationale, les UPDF ont commencé à se retirer dʹIturi et ont quitté Bunia.

Une semaine plus tard environ, lʹUPC a repris Bunia.

Les UPDF ont retiré leur dernière troupe de la RDC, le 2 juin 2003, suite aux accords de Luanda.

Le départ de lʹUPDF a marqué la fin de la seconde guerre du Congo.

Monsieur le Président, Mesdames les juges, jʹaimerais à présente vous parler de lʹattaque systématique et généralisée contre les civils.

LʹAccusation démontrera que lʹoffensive lancée à Bogoro sʹinscrivait dans une série dʹattaques que divers groupes armés ont menées dans tout le district de lʹIturi dʹaoût 2002 à juillet 2003.

Dans la plupart de ces attaques, aucune distinction nʹétait faite entre les cibles militaires et les cibles civiles qui étaient toute visées. Ces attaques ont coûté la vie à environ 8 000 civils et contraint plus de 600 000 personnes à abandonner leur foyer.

Monsieur le Président, Mesdames les juges, comme vous pouvez le voir sur la diapositive qui montre les attaques sur ces villages, vous verrez quʹil nʹy avait pas de distinction qui était faite.

Lʹattaque lancée à Bogoro en février 2003 sʹinscrivait dans le cadre dʹattaques systématiques que les milices lendu et ngiti 1 ont menées contre la population civile dʹorigine hema pour lʹessentiel.

Entre août 2002 et juillet 2003, les forces lendu et ngiti ont lancé de nombreuses attaques. Permettez que jʹen décrive certaines.

Le 5 septembre 2002, les milices ngiti et dʹautres forces ont attaqué la ville de Nyankunde, qui était alors contrôlée par lʹUPC. Cette attaque nʹa duré que quelques heures et sʹest soldée par la destruction du camp de lʹUPC. Au cours des 10 jours qui ont suivi, les assaillants ont chassé et tué environ 1 200 civils 9 hema et bira.

Le 4 mars 2003, les forces alliées de Katanga et Ngudjolo ont attaqué les troupes de lʹUPC stationnées à Mandro.

Près de 168 civils y ont été délibérément tués à lʹoccasion de cette brève offensive. À nouveau, le 6 mars 2003, les forces du FNI et de la FRPI ont soutenu lʹoffensive dirigée par lʹarmée ougandaise contre lʹUPC à Bunia qui sʹest soldée par lʹhomicide intentionnel de nombreux civils.

Le 3 avril 2003, les milices du FNI ont attaqué au moins 11 villages dans le secteur de Drodro où se trouvaient des combattants de lʹUPC ; au minimum 400 civils ont été intentionnellement tués au cours de ces attaques.

Du 6 au 16 mai 2003, après le retrait des UPDF de Bunia, des combats ont opposé les forces de lʹUPC à celles du FNI/FRPI pour le contrôle de la ville. Lors de ces combats, certaines personnes ont été tuées en raison de leur origine ethnique. Des pillages et des destructions de biens ont également eu lieu. Plus de 500 cas de meurtre commis délibérément ont été signalés et environ 200 000 civils ont alors fui Bunia et les villages voisins.

Le 31 mai 2003, les forces du FNI ont attaqué le village de Tchomia, plus de 250 civils ont été délibérément tués dont 30 patients 1 qui malheureusement se trouvaient encore dans leurs lits dʹhôpital.

Le 11 juin 2003, les forces du FNI et de la FRPI ont attaqué le village de Kasenyi. Plus de 80 civils ont été délibérément exécutés tandis que, au moins, 30 personnes civiles ont été enlevées.

Au cours du conflit en Ituri, les milices lendu et ngiti ont enlevé et violé des femmes de toutes les tribus, dont leur tribu et ils assimilaient ces femmes à un butin de guerre.

En fait, lors des premières attaques dirigées contre Bogoro entre 2001 et 2002, des jeunes filles ont été enlevées et contraintes à devenir les épouses des combattants.

Lors de lʹattaque de Nyankunde, de nombreuses jeunes filles, Monsieur le Président, ont été violées et soit tuées soit emmenées dans des camps lendu ou ngiti pour y être traitées comme esclaves sexuelles. 

Lors des dernières attaques, les femmes ont souvent dû transporter le butin des assaillants dans les camps et ont été retenues en captivité, violées et privées dʹidentité et de liberté.

Monsieur le Président, leurs existences étaient réduites à être les épouses non consentantes ou les esclaves sexuelles des soldats. Monsieur le Président, Mesdames les juges, avec votre permission, jʹaimerais à présent demander au premier substitut du Procureur, M. Eric MacDonald, de présenter la fin de notre déclaration liminaire.

M. MacDONALD : Monsieur le Président, Mesdames les juges, permettez‐moi dʹévoquer à présent la responsabilité pénale individuelle des accusés Germain Katangaet Mathieu Ngudjolo. LʹAccusation démontrera que les accusés sont pénalement responsables en tant quʹauteurs principaux en vertu du Statut de Rome pour les crimes commis à Bogoro.

Tous les crimes visés ont résulté du plan commun élaboré par les accusés et dʹautres.

LʹAccusation démontrera que Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo ont tous les deux mis au point le plan de lʹattaque de Bogoro que leurs milices respectives étaient chargées dʹexécuter conjointement. Les accusés ont coordonné leurs efforts et ont joué un rôle essentiel dans lʹexécution de ce plan.

Sʹagissant du crime consistant à faire participer activement des enfants de moins de 15 ans à des hostilités, lʹAccusation démontrera que les deux accusés ont utilisé des enfants pour en faire des soldats, y compris pour les faire participer directement à lʹattaque contre le village de Bogoro. 

Pour tous les autres crimes, lʹAccusation démontrera que la responsabilité pénale de Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo repose sur lʹautorité hiérarchique dont ils jouissaient en tant que dirigeants des groupes placés sous leur contrôle lors de lʹattaque de Bogoro, et dont ils ont fait usage pour mener lʹattaque. Les milices lendu et ngiti qui ont commis les crimes en question ont agi sur ordre des accusés.

Par conséquent, les crimes commis par chacune des milices peuvent être imputés à leurs chefs respectifs, en plus, et conformément aux principes de lʹattribution mutuelle de crimes, entre les coauteurs, il importe peu de savoir quelle milice a commis quel crime, puisque leurs actions peuvent être attribuées indifféremment aux deux accusés dans la mesure où tous ces crimes ont été perpétrés au service du plan commun.

LʹAccusation démontrera quʹentre la fin 2002 et lʹattaque conjointe menée par le FNI et la FRPI contre Bogoro, Mathieu Ngudjolo était le chef du FNI pour tous les combattants lendu qui se trouvaient dans les camps militaires de la région de Zumbe.

LʹAccusation démontrera également quʹà lʹautomne 2002, Germain Katanga est devenu le commandant suprême de toutes les forces de la FRPI. MM. Katanga et Ngudjolo étaient les commandants suprêmes de leurs forces respectives pendant la planification et lʹexécution de lʹattaque.

Enfin, les éléments de preuve mettront en évidence que les accusés étaient animés de lʹintention criminelle requise au regard des charges qui leur sont imputées. LʹAccusation prouvera que les accusés avaient pour intention, via lʹexécution du plan commun, la commission des crimes suivants : premièrement, le fait de diriger une attaque contre une population civile ; deuxièmement, des homicides intentionnels ; troisièmement, la destruction de biens ; quatrièmement, le fait de faire participer activement des enfants de moins de 15 ans à des hostilités.

En outre, les éléments de preuve démontreront que les deux accusés étaient conscients du fait que les crimes de pillage, dʹesclavage sexuel et de viol adviendraient dans le cours normal des événements.

Permettez‐moi maintenant de décrire la structure des camps du FNI et de la FRPI.

Germain Katanga était de jure le commandant suprême de la FRPI et exerçait de facto un contrôle en dernier ressort sur les commandants de cette dernière. Pendant la même période, Mathieu Ngudjolo exerçait un contrôle similaire sur le FNI et ses commandants basés dans la région de Zumbe.

La FRPI a été formée fin 2002 lors de réunions organisées à Beni. Lʹobjectif de ces réunions consistaient à faire cause commune et à organiser la résistance lendu et ngiti contre lʹUPC, lequel attaquait les différentes communautés de lʹIturi, afin dʹy exploiter les ressources naturelles de la région.

La FRPI constituait la première tentative digne de ce nom, dʹunir sous lʹégide dʹun même groupe les différentes forces ngiti et lendu. À la même période la communauté lendu créait un mouvement similaire dʹopposition à lʹUPC sous lʹappellation de FNI. Le FNI a vu le jour en décembre 2002 au cours de discussions menée dʹabord à Kpandroma en RDC puis à Arua en Ouganda.

Sur la carte que vous voyez devant vous, nous pouvons 1 voir au sud de cette carte, la ville de Beni, et au nord les villes de Kpandroma au Congo en Ituri et également Arua en Ouganda.

Jusquʹà la création officielle de ces deux mouvements à la fin 2002, les combattants lendu étaient placés sous le commandement de chefs locaux qui organisaient la défense contre les attaques menées par lʹUPC, pendant cette période, Ngudjolo a consolidé son pouvoir et son autorité sur les combattants lendu de la région de Zumbe.

À lʹautomne 2002, Germain Katanga est devenu le chef de tous les combattants ngiti de la collectivité de Walendu‐Bindi ; au moins huit camps militaires de cette collectivité ont pris part à lʹexécution de lʹattaque de Bogoro. Germain Katanga commandait le camp dʹAveba… ou aussi connu sous le nom de « bureau des combattants » soit le BCA. Il résidait dans ce camp qui est devenu son quartier général et où les autres commandants dʹautres régions venaient lui rendre compte. 

Germain Katanga possédait par ailleurs, une radio quʹil utilisait pour communiquer avec les camps de la FRPI. Des armes et des munitions étaient livrées par voie aérienne à Aveba ; elles étaient stockées au BCA avant dʹêtre distribuées aux autres camps de la FRPI et… ou du FNI en prévision dʹattaques comme celle de Bogoro.

LʹAccusation prouvera également que durant la même période, les combattants lendu de la région de Zumbe avaient été répartis de façon similaire dans une série de camps militaires, chacun ayant à sa tête un commandant. Ces camps étaient tous situés à environ 10 kilomètres les uns les autres…. les uns des autres, pardon. 

Mathieu Ngudjolo résidait à Kambutso mais il commandait un camp situé dans le village de Zumbe. Mathieu Ngudjolo exerçait son autorité sur les autres commandants des camps ; il donnait des ordres qui étaient exécutés par ses subordonnés ; il donnait des ordres qui étaient exécutés par ses subordonnés et lui‐même était habilité —pardon — à juger et punir. Dʹailleurs, il ne se privait 1 pas de punir voire dʹexécuter des soldats.

Si vous me permettez de décrire brièvement la carte à lʹécran, vous pouvez voir au sud, en triangle orange, les camps de la FRPI, Medhu, Golgota (Phon.), Kagaba, Mandro, Gety, Aveba, Bukiringi et également celui de Bavi Alongba (Phon.). Au nord, dans les triangles jaunes on peut voir le camp de Labura, Zumbe, Kambutso, Ezekere et celui de Ladile.

Monsieur le Président, Mesdames les juges, parallèlement au développement de ce réseaux de camps, fin 2002, certains Ngiti et Lendu ont décidé de faire front commun face à la menace de lʹagression de lʹUPC ; cʹest ainsi quʹont été créé la FRPI et le FNI et que lʹattaque de Bogoro a été mise au point et exécutée.

Permettez‐moi de décrire le plan commun, le plan de lʹattaque sur Bogoro.

LʹAccusation démontrera que lʹattaque contre Bogoro a été planifiée par les commandants du FNI et de la FRPI au domicile de Katanga, à Aveba, fin 2002 début 2003.

Entre lʹautomne 2002 et le moment où a été perpétrée lʹattaque sur Bogoro, Germain Katanga sʹest rendu à Beni et en est revenu avec des armes, des munitions et du matériel, notamment des radios portatives.

Nous pouvons voir sur la carte Aveba et le déplacement vers Beni. Fin 2002 début 2003, une délégation de soldats du FNI a quitté le camp de Ladile, dans la région de Zumbe, pour rejoindre le domicile de Germain Katanga à Aveba.

Sur la carte, on peut voir ce déplacement. 

Ngudjolo avait nommé le commandant Boba‐Boba à la tête de cette délégation pour le représenter lors de la rencontre avec Katanga et dʹautres commandants de la FRPI. À cette occasion, un plan a été mis au point par Katanga et dʹautres commandants du FNI et de la FRPI en vue de raser et effacer le village de 1 Bogoro et prendre le contrôle de la route menant à Bunia.

Je cite les paroles prononcées par un ancien membre de la FRPI : « Le but était quʹon puisse se mettre ensemble pour attaquer Bogoro, on voulait effacer Bogoro. Pendant ces négociations le commandant Boba‐Boba était en liaison avec son chef Ngudjolo par radio. Les membres de la délégation du FNI sont rentrés par vagues successives dans la région de Zumbe en rapportant — pardon — les munitions que Katanga leur avait fournies. Les commandants de la FRPI qui avaient assisté aux réunions dʹAveba sont eux aussi rentrés dans leurs camps respectifs. Quelques jours avant lʹattaque, le commandant Bahati de la FRPI sʹest rendu au camp de Zumbe où se trouvait Ngudjolo pour apporter à ce dernier les détails de lʹattaque. Quelques jours avant lʹattaque sur Bogoro les commandants de la FRPI ont été convoqués à la résidence de Germain Katanga afin dʹy préparer lʹattaque. Katanga leur a remis et communiqué les détails de lʹattaque et leur a également remis les munitions nécessaires.

Je vais maintenant décrire les mouvements des forces de la FRPI dans les jours avant lʹattaque.

La veille de lʹattaque, les combattants de la FRPI se sont réunis à deux points de ralliement, Medhu, à l’Ouest de Bogoro, et Kagaba, au sud. Katanga — et on peut voir sur la carte — donc, où se trouve… et cʹest indiqué en couleur orange, on peut voir surligner en orange Kagaba et Medhu et toujours au centre Bogoro.

Katanga a conduit ces combattants au camp de Kagaba, dʹautres commandants de la FRPI parmi lesquels Cobra Matata ont conduit leurs troupes à Medhu conformément au plan.

À Kagaba, Katanga a assisté à ce quʹon appelle communément un défilé et ordonné au commandant Yuda et Dark de prendre la parole devant les soldats de la FRPI. Le commandant Yuda a insisté sur les souffrances que 1 les soldats de lʹUPC infligeaient depuis longtemps aux Ngiti. Si la FRPI obtenait la victoire militaire il exterminerait lʹUPC, pillerait les biens, brûlerait les maisons et sʹinstallerait à Bogoro. En somme, les soldats de la FRPI avaient carte blanche pour raser Bogoro.

Tard, ce soir‐là, Katanga et les soldats de la FRPI ont quitté Kagaba et ont pris position près de Bogoro. On peut voir la distance et donc, les troupes ayant contourné le village ou le camp de Lakpa.

Pendant ce temps, à Medhu, le commandant Matata a indiqué à ses troupes quʹil était nécessaire dʹeffacer Bogoro. Il avait rappelé aux soldats que les Ngiti avaient déjà essayé par deux fois de prendre Bogoro et que la troisième devait être la bonne. Les troupes ont quitté Medhu et se sont scindées en deux pour arriver de différents côtés sur Bogoro. Les troupes du commandant Matata ont marché au sud du mont Waka et ont fait route vers le centre de Bogoro depuis la route Aveba‐Bunia. 

Le commandant Oudo Mbafele est parti de Medhu vers le nord en contournant le mont Waka et a pénétré dans Bogoro depuis la route de Bunia. 

Nous pouvons voir sur la carte le mouvement à partir de Medhu. Un vers le sud contournant la montagne Waka que nous allons revoir tout à lʹheure et par le nord.

Pendant ce temps, le mouvement… Pendant ce temps laissez‐moi décrire les mouvements des forces de la FNI avant lʹattaque.

Au même moment environ deux jours avant lʹattaque, Ngudjolo a annoncé à ses troupes postées au camp de Zumbe que lʹattaque sur Bogoro était imminente ; toujours au camp de Zumbe, la veille de lʹattaque, Mathieu Ngudjolo a remis le plan de lʹattaque au commandant Boba‐Boba qui lʹa, à son tour, communiqué aux combattants.

Nous pouvons voir sur la carte, surligné en jaune, les camps de Zumbe et Ladile.

La veille de lʹattaque, Ngudjolo et le commandant Nyunye se sont rendus au camp de Ladile. Lors dʹune parade dans ce camp, le commandant 1 Boba‐Boba a annoncé que lʹattaque sur Bogoro aurait lieu le lendemain. Cette annonce a été faite en présence de Mathieu Ngudjolo lui même et dʹautres commandants du FNI. À Ladile, Ngudjolo et les commandants du FNI ont convenu que Bahati, le commandant Bahati, serait à la tête des opérations.

Mathieu Ngudjolo est ensuite parti avec dʹautres commandants et des soldats pour le camp de Lagura — comme on peut voir sur la carte — situé sur une colline proche de Bogoro afin de rejoindre les soldats…

Mme LE JUGE DIARRA: Monsieur le Procureur, Monsieur le Procureur, tout le monde se plaint, les sténos…

M. MacDONALD : Que je vais trop vite. 

Mme LE JUGE DIARRA : … voilà. 

M. MacDONALD : … je mʹen excuse, malgré le fait que je puis… que jʹai remis le texte à nos interprètes, je mʹen excuse. 

Mme LE JUGE DIARRA : … les sténotypistes… oui… je mʹexcuse de vous avoir…

M. MacDONALD : … laissez‐moi reprendre, donc. 

Mathieu Ngudjolo est donc parti avec dʹautres commandants et des soldats pour le camp de Lagura qui est situé sur une colline proche de Bogoro et ils ont rejoint cet endroit, les soldats qui étaient postés là — comme on peut le voir sur la carte.

Le commandant Bahati, tel que décrit précédemment, le commandant des opérations, y a communiqué les détails de lʹattaque aux soldats en présence dʹautres combattants. Il a précisé les différents points par lesquels les groupes pénètreraient dans Bogoro.

Le commandant Bahati a donné instruction aux combattants de se retrouver dans le centre de Bogoro une fois lʹattaque terminée. Le groupe mené par Bahati est passé près de la route reliant Bogoro à Bunia. Un autre groupe du FNI sʹest positionné sur un chemin proche de la route reliant Bogoro à Kasenyi, tel qu1 ʹon peut le voir sur le plan à partir de Lagura, ces groupes sont rentrés sur Bogoro. 

Avant lʹattaque, les combattants du FNI scandaient les paroles suivantes : « Les Hema doivent être tués sans pitié. Les Ngiti et les Bira doivent être épargnés. » Des chansons semblables ont été entonnées par des soldats de la FRPI la veille de lʹattaque. Sur la route reliant Aveba à Kagaba, ils chantaient : « Si on capture un Hema, on lui tranche la gorge et on le tue. » 

Monsieur le Président, Mesdames les juges, lʹexécution de lʹattaque reflète à elle seule lʹexistence du plan commun, les armes et munitions préalablement distribuées ont été utilisées ; les mouvements des combattants étaient coordonnés, le village a été encerclé. 

Il y avait une synchronisation parfaite telle quʹon peut le voir à lʹécran. En jaune, les troupes du FNI et au sud, en orange, les troupes de la FRPI.

Une fois lʹobjectif dʹeffacer Bogoro assuré, Ngudjolo et Katanga ont rejoint dʹautres commandants du FNI et de la FRPI au centre du village. On pouvait y voir de nombreux cadavres de civils, tels que relaté précédemment par le Procureur, les commandants et les combattants du FNI et de la FRPI célébraient leur victoire à lʹombre des manguiers alors même que les massacres et les pillages se poursuivaien. Cette attaque a rayé Bogoro de la carte.

Les éléments de preuve de lʹAccusation montrent que pas moins 200 civils ont été tués. Les survivants, trop effrayés de retourner chez eux ont fui vers les villages environnants. Avant lʹattaque Bogoro comptait environ 6 000 habitants, aujourdʹhui, malgré le retour de certaines familles, la population de Bogoro est réduite de plus de moitié.

En conclusion, Monsieur le Président, Mesdames les juges, lʹAccusation prouvera au‐delà de tout doute raisonnable que Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo ont conjointement planifié et exécuté lʹattaque sur Bogoro et doivent être déclarés coupables des crimes qui leur sont reprochés.

Je vous remercie.


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