Germain Katanga & Mathieu Ngudjolo Chui in court
qui sommes Germain Katanga &
Mathieu Ngudjolo Chui?

Par Sheila Vélez

Nous vous présentons la Chronique Katanga et Ngudjolo #12, qui à l’origine a été publiée sur le site web d’Aegis Trust. Les vues et opinions exprimées ici ne reflètent pas nécessairement les vues et opinions d’Open Society Justice Initiative.

Dans sa quatrième semaine de témoignage, le témoin 250 a été interrogé par les équipes de défense de Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo. Pendant trois jours, M. David Hooper, conseil principal de Germain Katanga, a demandé des éclaircissements sur certaines divergences entre le témoignage du témoin 250 et ses déclarations faites antérieurement au Bureau du Procureur en 2006. L’avocat a exploré les domaines dans lesquels les paroles du témoin semblaient être contradictoires : les missions militaires auxquelles le témoin a participé, les noms et grades des commandants impliqués, comment les munitions ont été acquises et distribuées aux combattants, et les dates précises où les opérations ont eu lieu.

Le témoin 250, un ancien soldat du Front des Nationalistes intégrationnistes (FNI) Lendu qui auraient été dirigé par Mathieu Ngudjolo, a expliqué à la Cour comment l’attaque de Bogoro a été planifiée et exécutée. Selon son témoignage, la délégation du FNI a rencontré le FRPI de Germain Katanga à Aveba en janvier 2003. L’objectif était d’éliminer la présence de l’UPC-Hema dans le village. Un homme du nom de Bahati originaire de Zumbe, dont on a dit qu’il était le chef de la mission, a été le dernier à revenir d’Aveba avec le plan. Avant l’attaque, le plan a été partagé avec les combattants Lendu. Le témoin 250 a entendu parler du plan lors d’un défilé. « Bahati nous a donné le plan au niveau de la Collectivité », a-t-il indiqué.

Le témoin a également expliqué aux juges comment les troupes dirigeant l’attaque de Bogoro ont été organisées et positionnées. Les références géographiques, les noms des commandants en charge des troupes et la stratégie militaire, telles ont été les questions soulevées par M. Hooper.

Selon le témoin 250 les deux accusés, Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo, étaient présents à Bogoro après le début de l’attaque. Une fois les troupes rassemblées, les accusés se sont adressés aux combattants.

La défense de Mathieu Ngudjolo a effectué une partie substantielle de son contre-interrogatoire à huis clos afin de garantir la sécurité du témoin protégé. Le témoin 250 a témoigné avec des mesures de protection, la voix et l’image déformées. M. Fofé, le conseil principal de l’équipe de Mathieu Ngudjolo, a émis des doutes sur la crédibilité du témoin 250. « De 1999 à 2004 vous étiez à l’école », a déclaré M. Fofé. « Cela signifie que vous n’avez jamais été un soldat. Il faut dire la vérité aux juges. » La position de la défense est ferme : le témoin 250 n’était pas à Zumbe 1999-2004 parce qu’il était à l’école dans un autre endroit et n’a pas pris part à la bataille de Bogoro le 24 février 2003.

Tout comme il l’avait fait dans sa déclaration liminaire, l’avocat de la défense de Mathieu Ngudjolo a souligné la participation des puissances étrangères au conflit, et le droit de la communauté Lendu à la légitime défense. « Vous avez déclaré que les Ougandais sont venus bombarder [et miner] le groupement d’Ezekere en vue d’éliminer les soldats de l’APC [de Mbusa Nyamwisi et du gouverneur Lopondo] qui y ont trouvé refuge », a déclaré M. Fofé. « Ils portaient des uniformes avec les insignes de l’UPDF. Mais je ne sais pas avec qui ils ont collaboré. C’était l’armée ougandaise », a déclaré le témoin. Selon le témoin 250, parmi les forces qui ont attaqué le groupement il y avait aussi l’UPC de Thomas Lubanga. « Donc, la population a dû se défendre, n’est-ce pas? » demande M. Fofé. « Ils ont dû se sauver. Les personnes qui ont fui ont essayé de survivre », répond le témoin.

La déposition du témoin 250 a été volatile. À plusieurs reprises, la procédure a été suspendue pour apporter une aide psychologique au témoin. Épuisé et bouleversé, le témoin 250 « estime que le contrat qui a été passé avec lui n’a pas [été] respecté ». Le témoin 250 ne s’attendait pas à ce que son témoignage dure si longtemps – plus de quatre semaines. Aujourd’hui, il va rentrer chez lui, avec les remerciements de la Chambre.


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