Germain Katanga & Mathieu Ngudjolo Chui in court
qui sommes Germain Katanga &
Mathieu Ngudjolo Chui?

Par Sheila Vélez

Nous vous présentons la Chronique Katanga et Ngudjolo #14, qui à l’origine a été publiée sur le site web d’Aegis Trust. Les vues et opinions exprimées ici ne reflètent pas nécessairement les vues et opinions d’Open Society Justice Initiative. 

Le récit du cinquième témoin de l’Accusation surprend tout le monde. Dans ce témoignage, il affirme que Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo étaient présents sur la scène du crime. Il s’agit là d’une allégation qui n’apparaît dans aucune de ses déclarations antérieures. Le débat juridique commence.

Voici la déclaration controversée du témoin : « Les gens qui ont été tués étaient des habitants ainsi que quelques soldats de l’UPC. Les gens qui tuaient étaient les Ngiti et les Lendu, ainsi que les Bira… Germain Katanga lui-même, en personne, a pris possession de femmes et d’enfants. Ils ont dit : « Germain Katanga et Ngudjolo! » Ils ont crié de cette manière. J’ai entendu ces cris de mes propres oreilles ».

Ces mots provoquent une forte réaction de l’équipe de défense de Katanga, qui fait valoir que ce nouvel élément porte préjudice à son client. « Dans aucune des déclarations de témoins, dans aucun des documents communiqués à la défense, il n’existe une quelconque référence à ces cris », dit M. O’Shea. A son avis, il s’agit de nouvelles informations qui « changent complètement le caractère de ce témoin et déséquilibrent totalement la défense ». Selon l’avocat, un témoin qui avait été défini par l’Accusation comme un « témoin basé sur le crime » – un témoin qui dépose sur les événements, mais ne fait pas nécessairement des allégations nuisibles à l’accusé – est devenu « l’un des témoins les plus incriminants de cette affaire ».

L’équipe de défense de Mathieu Ngudjolo remet en question la crédibilité du témoin 161. Selon M. Fofé, le témoin 161 a eu un entretien de plus de dix heures de temps avec le Bureau du Procureur en 2006. « Si le témoin avait eu des informations si importantes il n’aurait pas omis d’en faire cas lors d’un si long entretien », a déclaré l’avocat.

Il y a eu une grande confusion. Dans ce contexte, M. O’Shea propose trois options possibles pour continuer les débats : « exclure de l’enregistrement toute référence à Germain Katanga ; suspendre le contre-interrogatoire de ce témoin pour permettre à l’équipe de la défense d’analyser les nouvelles informations et, enfin, demander à la Chambre de ne pas s’appuyer sur cette partie du témoignage, parce que [elle] compromet l’équité de ce procès. »

L’Accusation, qui prétend n’avoir pas été au courant de cette nouvelle donne à l’avance, répond aux propositions de la défense. Elle soutient avoir agi de bonne foi. L’interrogatoire du témoin a été effectué correctement et l’équipe a rempli ses obligations en matière de divulgation. Les nouvelles informations ont été livrées spontanément. L’accusation croit dont qu’il n’y a aucune raison d’exclure cet élément de preuve. Le Procureur fait également valoir que la défense a le droit de procéder au contre-interrogatoire de ce témoin afin de tester sa crédibilité. Mme Darques souligne que tous les témoins à charge basés sur le crime et présents lors de l’attaque pouvaient être interrogés sur les questions soulevées par le témoin 161.

L’équipe de la défense n’est pas convaincue. M. O’Shea et M. Fofé sont tous les deux d’accord pour dire que cette information constitue « un élément unique de preuve [qui] n’est pas présent dans d’autres déclarations du témoin à charge ». La Chambre intervient. Les juges ont besoin que l’Accusation identifie les témoins qui allaient soutenir les allégations du témoin 161. « Pouvons-nous avoir cette information d’ici demain midi? » demande le juge président Cotte.

L’Accusation continue l’interrogatoire du témoin 161 à huis clos.


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