Germain Katanga & Mathieu Ngudjolo Chui in court
qui sommes Germain Katanga &
Mathieu Ngudjolo Chui?

Par Jennifer Easterday

Le présent résumé porte sur des évènements qui se sont passés du 16 mai au 27 mai 2011.

Au cours de cette période, quatre autres témoins ont témoigné pour la défense de Germain Katanga. Katanga et son co-accusé Mathieu Ngudjolo Chiu sont en procès à la CPI pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis pendant le conflit dans la région de l’Ituri en République démocratique du Congo (RDC). Les deux accusés rejettent toutes les accusations portées contre eux.

À la fin de la période en question, la défense de Katanga a appelé 10 témoins. Le premier groupe de témoins dont trois dirigeants du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI) (présumé dirigé par Ngudjolo) et la Force de résistance patriotique en Ituri (FRPI) (présumée dirigée par Katanga). Ces dirigeants ont été détenus en RDC pour leur implication présumée dans l’assassinat de Casques bleus des Nations Unies.

Ces personnes ont témoigné sur la création de ces groupes et l’attaque de Bogoro, village de l’Ituri, en février 2003. Cette attaque constitue le fondement des accusations portées contre les accusés. Ces témoins ont également mis l’accent sur la responsabilité du gouvernement de la RDC pour l’attaque et le rôle du gouvernement dans le conflit en Ituri.

Ils ont demandé l’asile aux Pays-Bas et ont demandé que la CPI les remette aux autorités néerlandaises, plutôt que de les retourner à la détention en RDC. La Chambre de première instance n’a pas encore rendu de décision sur cette question.

D’autres témoins de la défense ont axé leur témoignage sur la famille de Katanga et le rôle de Katanga dans la milice du village d’Aveba. Une grande partie du témoignage de ces témoins a été faite à huis clos, pour protéger l’identité de ces témoins. Parmi ces témoins il y en a quatre qui ont témoigné au cours de cette période :

  • Le témoin 501, M. Victor Rumbale (Pasteur Vicky)
  • Le témoin 147, M. Nathaniel Bachweki Backama
  • Le témoin 146, M. Obiya
  • Le témoin 261 (a témoigné avec des mesures de protection)

Leur témoignage est discuté ci-dessous.

La défense de Katanga a également annoncé qu’elle n’allait pas appeler quatre de ses témoins prévus. Il n’est pas certain que Katanga témoigne pour sa propre défense.

Le témoin 501, M. Rumbale Victor

Rumbale (également connu comme Pasteur Vicki) est un pasteur évangélique et un musicien. Il est Ngiti. La femme de Rumbale et celle de Katanga, Denise, sont cousines. Le pasteur connaît la famille de Katanga, et le pasteur a déclaré qu’il avait l’habitude de voir Katanga dans son église.

Rumbale a témoigné qu’il avait déménagé à Aveba avec sa famille en 2001, peu de temps après l’attaque du village par les Ougandais. Le témoin a affirmé que lors de l’attaque, sa maison et les centres de santé d’Aveba ont été brûlés et des gens ont été tués. Il dit avoir fui avec sa famille, abandonnant la ville pour vivre dans la brousse pendant un mois.

Au moment de l’attaque, « il y avait un mouvement d’auto-défense qui a été créé dans le but d’empêcher les Ougandais d’exterminer la population », a déclaré Rumbale.

Au cours du contre-interrogatoire, l’Accusation a interrogé le témoin sur sa relation avec Alain Metu, l’oncle de Rumbale qui avait témoigné auparavant. Rumbale a témoigné qu’il était régulièrement en contact avec Metu, et qu’ils ont été transférés à La Haye ensemble.

Rumbale a également témoigné que quelqu’un désigné par la Cour sous le pseudonyme de « Jack » est venu à Aveba en 2003 et est resté avec Rumbale pendant une année. Pendant le temps où Jack est resté avec Rumbale, Jack était étudiant et non membre d’une milice, a ajouté le témoin.

En contre-interrogatoire, le témoin a déclaré que, pendant la bataille de Nyakunde en 2002, les combattants Ngiti étaient dirigés par le commandant Kandro. L’Accusation a demandé si Katanga est devenu le chef des combattants Ngiti après la mort de Kandro. Rumbale a répondu que pour ce qu’il en savait, Katanga n’est devenu le chef de file que longtemps après, parce qu’il y avait plusieurs groupes de combattants dans la région.

Le témoin a aussi déclaré qu’il connaissait plusieurs membres de la famille de Katanga, dont son père et ses frères. L’Accusation a demandé si cela signifiait que Rumbale avait discuté avec eux du travail de Katanga. Le témoin a nié avoir reçu des nouvelles de Katanga de la famille de ce dernier. L’Accusation a sans doute adopté ce style d’interrogatoire pour attaquer le témoignage Rumbale en montrant sa partialité.

Rumbale a déclaré ignorer s’il y avait des enfants-soldats dans les milices en Ituri au cours du conflit.

Reflétant le témoignage du premier témoin à décharge, le frère de Katanga, Rumbale témoigné que les enfants de la région se sont inscrits dans les centres de démobilisation afin de recevoir des vêtements et d’autres types d’aide.

« Pour autant que je sache, les enfants ont rejoint ces programmes dans le seul but de recevoir des vivres et des vêtements et autres biens, parce que nous venions tout juste de sortir d’une situation de conflit et les enfants manquaient très souvent du plus strict minimum » a-t-il indiqué.

Le témoin 147, M. Bachweki Mbakama Nathanaël

Mbakama est un témoin pour Katanga et Ngudjolo. C’est un Ngiti. Le témoin a travaillé pour la compagnie d’extraction d’or Kilo-Moto. La plus grande partie de ce témoignage a été faite à huis clos. Quelques courts extraits sont donnés ci-dessous.

Le témoin a déclaré qu’il vivait à la ferme Dele, qui est la propriété de Kilo-Moto, lorsque Molondo Lopondo, alors gouverneur, a été chassé de Bunia en 2002. Mbakama a témoigné qu’il avait fui avec sa famille à Zumbe montagne quand Lopondo a été chassé de Bunia. Il a fui parce qu’il avait peur des membres de l’Union des Patriotes Congolais (UPC, milice de Thomas Lubanga) qui ont essayé de le tuer en raison de son appartenance ethnique, a-t-il dit.

Selon Mbakama, alors qu’il se trouvait à Zumbe, lui et sa famille ont souffert de vivre dans des conditions très difficiles. Ils ont dû fuir et se réfugier dans la brousse lors que l’UPC a attaqué la zone.

Après avoir passé trois mois à Zumbe, a déclaré le témoin, il a déménagé à Aveba. Sa famille a déménagé en décembre 2002, mais il a dit qu’il avait dû rester pour s’occuper de son troupeau de chèvres et a rejoint sa famille à Aveba mai 2003.

Le témoin a déclaré que pendant qu’il était à Zumbe et quand il est arrivé à Aveba, aucun de ses sept enfants n’a été dans la milice.

Mbakama a décrit un incident impliquant un homme qu’il appelait George, qui venait chez lui pendant que le témoin était au travail. Mbakama dit que quand il interrogé ses enfants au sujet des visites de George, ils n’ont pas voulu lui dire pourquoi ce dernier était là.

Il décrit une situation où l’un de ses enfants s’est enfui à Kisangani sans sa permission, mais est revenu plus tard et a demandé au témoin et son épouse de se rendre à Kisangani. Le témoin a affirmé, toutefois, que l’enfant a refusé de dire pourquoi lui, le témoin et son épouse devaient aller à Kisangani. Des détails supplémentaires à ce sujet ont été donnés lors de la séance à huis clos.

À la reprise de la séance publique, le témoin a déclaré qu’à Kisangani, il a déclaré « aux blancs qui s’y trouvaient » qu’une personne appelée Pierre avait 15 ans, alors que Pierre était un peu plus âgé. Pierre et Mbakama sont retournés ensemble à Dele, avant que Pierre ne disparaisse sans avertir le témoin. Mbakama a affirmé qu’il a eu pas eu de contact avec Pierre depuis lors et ne sait rien de lui.

Au cours du contre-interrogatoire, le témoin a déclaré que bien que ne connaissant pas personnellement Katanga, il savait que Katanga était le chef de la milice d’Aveba. Il a affirmé qu’il avait entendu le nom de Mathieu Ngudjolo, mais il ne savait pas quel poste occupait ce dernier.

Le témoin a déclaré au cours du contre-interrogatoire qu’il n’avait jamais vu d’enfants soldats et ne pouvait pas confirmer qu’il y avait un centre de démobilisation d’enfants-soldats à Aveba.
Le témoin 146, M. Obiya

Une grande partie de ce témoignage a été faite à huis clos. Obiya a témoigné en contre-interrogatoire que des soldats de l’Armée du peuple congolais (APC) étaient présents à Aveba, alors qu’il y habitait. Selon lui, les soldats d’une milice habitaient à proximité, mais les soldats qui se trouvaient à Aveba étaient de l’APC. Le témoin a affirmé qu’il ne savait pas qui était le chef de la milice d’Aveba et n’avait jamais vu Katanga pendant que lui, le témoin habitait à Aveba. Obiya dit qu’il avait entendu parler de Ngudjolo mais il ne savait pas quel poste occupait ce dernier.
Le témoin 261

Le témoin 261 a témoigné avec des mesures de protection, et une grande partie de son témoignage a été faite à huis clos.

Le témoin a déclaré qu’elle connaissait Katanga quand il était étudiant, avant qu’il n’entre à la milice. Elle a ensuite déménagé à Aveba, où elle a appris que Katanga était le chef de la milice. Le témoin 261 a soutenu que Katanga n’était que le chef de la milice d’Aveba et ne commandait pas d’autres forces Ngiti.

Elle a dit qu’elle avait visité le camp du Bureau des Combattants d’Aveba (BCA) à Aveba.

Katanga était en bons termes avec les civils à Aveba, a ajouté le témoin 261. Elle a également affirmé qu’il n’avait pas de problèmes avec les réfugiés Hema qui venaient à Aveba, fuyant Bunia à cause des combats entre l’UPC et les soldats Lendu / Ngiti.

Elle n’avait ni vu ni entendu parler d’esclavage sexuel des femmes à Aveba, a-t-elle dit. Le témoin 261 a affirmé que Katanga ne tolérait pas que les hommes forcent leurs petites amies à les épouser si les femmes ne voulaient pas.

En outre, elle a nié avoir jamais vu les enfants portant des armes au camp BCA lors de sa visite. Elle a dit qu’elle s’est fait démobiliser en remettant l’arme de quelqu’un d’autre pour obtenir 410 $ US. Cela s’accorde avec le témoignage d’autres témoins de la défense, selon qui des enfants se sont fait « démobiliser » en tant que soldats dans le but de recevoir des avantages en nature comme des vêtements, de la nourriture et de l’argent.

Le témoin 261 dit qu’elle a entendu dire que le commandant Yuda a mené l’attaque contre Bogoro, et l’avait vu au moment de l’attaque. Après avoir été blessé au bras, a-t-elle ajouté, Yuda est venu se faire soigner au centre de santé d’Aveba.

Elle a également affirmé avoir vu Yuda quand un avion est arrivé à Aveba de Beni transportant des soldats APC, des armes et des munitions. Ces soldats sont allés avec Yuda à Kagaba, et certains d’entre eux ont été impliqués dans l’attaque de Bogoro, a-t-elle indiqué.

En contre-interrogatoire, le témoin a déclaré que quand elle est arrivée à Aveba en septembre 2002, juste après l’attaque de Nyakunde, Katanga habitait la maison de son père et était protégé par des soldats et une escorte.

Selon le témoin 261, après la mort de Kandro, Katanga l’a remplacé comme général de la milice. Toutefois, elle a affirmé qu’il était général seulement en titre mais qu’en fait il n’exerçait pas le rôle de général dans la pratique.

Elle a témoigné avoir une fois vu Katanga revenant d’un voyage à Beni dans un avion transportant des caisses d’armes. Elle ne savait pas si Katanga était allé à Bogoro le jour de l’attaque, car elle n’était pas dans le camp ce jour-là, a-t-elle dit.

L’Accusation l’a aussi interrogée sur les enfants-soldats en Ituri. Le témoin a affirmé avoir vu  des enfants en uniforme militaire quand elle a visité le camp de BCA, mais qu’elle avait cru que c’était parce que ces enfants n’avaient pas d’autres vêtements. Elle n’a pas pu confirmer qu’il y avait des enfants soldats en Ituri.

Interrogé sur cette question par le représentant légal des enfants-soldats, le témoin a expliqué que les enfants qu’elle a vus au camp de BCA n’avaient pas de famille et étaient pris en charge par des gens du camp. Elle ne savait pas si les enfants qu’elle a plus tard vus dans le camp étaient des enfants-soldats démobilisés.

Le témoin 261 a également déclaré qu’elle a été démobilisée deux fois, la première fois en tant qu’enfant-soldat et la seconde fois à l’âge adulte, avec deux organisations différentes. Au centre de démobilisation, elle n’a eu qu’à donner son nom, son identité, déclarer qu’elle avait été enfant-soldat, le nom de son commandant et l’endroit où elle avait été affectée où ou elle avait servi, a-telle indiqué. Elle a témoigné qu’il n’y avait pas eu de suivi après réception de l’argent de l’organisation chargée de la démobilisation.

Les témoignages des derniers témoins de la défense de Katanga figureront dans la prochaine période.


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