Le Fonds au profit des victimes (FPV) a entrepris plusieurs programmes dans la région de l’Ituri en République démocratique du Congo (RDC). En février 2002, des milices armées ont attaqué le village de Bogoro, en Ituri, et la CPI a accusé Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui de crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui auraient été commis au cours de cette attaque. Ngudjolo a été acquitté et attend une décision en appel. Quant au procès de Germain Katanga, il est toujours en cours, en attendant d’éventuelles modifications des charges retenues contre lui. La CPI a également condamné Thomas Lubanga Dyilo pour utilisation d’enfants soldats durant le conflit en Ituri. Il attend aussi une décision d’appel sur sa condamnation.
Alors que l’attention du monde est tournée vers ces procès à La Haye, le FPV a travaillé sur le terrain en Ituri et dans d’autres endroits examinés par la CPI (y compris le nord de l’Ouganda et les régions du Kivu en RDC). Les programmes sont conçus pour assurer la réadaptation physique et psychologique et le soutien matériel aux victimes des crimes jugés par la CPI. Selon le FPV, les projets en RDC mettent l’accent sur la réconciliation et sont mis en œuvre au niveau individuel et collectif. Comme pour tous les projets FPV, ils sont financés par des contributions volontaires.
Des milliers de victimes et des membres de leur communauté ont directement bénéficié de ces projets dans le seul Ituri, selon le FPV. Le FPV estime qu’il y a plus de 70.000 bénéficiaires directs des programmes en RDC et 110.000 au total.
Le TFV rapporte que ses divers programmes aident les victimes de plusieurs façons. Au nombre des programmes figurent des initiatives telles que les « écoles de la paix » pour inculquer une culture de paix à travers des ateliers dans les écoles locales, les coopératives locales de micro-finance pour aider à assurer la stabilité économique, le soutien médical, le soutien psychologique ainsi que d’autres projets de réconciliation communautaire.
Un projet FPV met l’accent sur la réinsertion des anciens enfants soldats dans les communautés de Bunia, siège de l’Ituri. En particulier, le programme aborde les défis rencontrés par les filles qui sont devenues mères alors qu’elles étaient en captivité. Selon le FPV, leur projet a aidé les communautés à réfléchir sur le traumatisme subi par d’anciens enfants soldats. Le FPV rapporté que les enfants, leurs familles et les communautés nient souvent ce traumatisme, ce qui conduit à un jugement moral et à l’exclusion. Ce programme a tenté de répondre à ces questions et d’autres enjeux de la réinsertion des anciens enfants soldats, selon le FPV.
Récemment, le Président de l’Assemblée des États parties de la CPI, l’Ambassadeur Tiina Intelmann, et le président du Conseil de direction du Fonds, M. Motoo Noguchi, ont visité des programmes FPV en RDC et en Ouganda. Ils ont visité plusieurs sites de projets et se sont entretenus avec les bénéficiaires du projet FPV.
« Personnellement, j’ai été ému par le courage et la confiance des victimes partageant leur histoire sur la façon dont leurs vies ont été transformées à la suite de l’aide médicale, psychologique et matérielle qu’ils ont reçu à travers les programmes du Fonds », a déclaré l’ambassadeur Intelmann.
Son sentiment était partagé par M. Noguchi. « J’ai été encouragé par la valeur réparatrice des programmes du Fonds et par son impact tangible sur la vie des victimes et de leurs communautés », a-t-il déclaré.
Maintenant que la CPI a prononcé sa première condamnation, contre Thomas Lubanga, le FPV pourrait également être chargé de l’attribution de réparations aux victimes dans cette affaire. Le FPV a indiqué qu’il travaille sur la consolidation de ses programmes d’assistance, qui sont exécutés depuis 2008, et vont tenter de constituer une transition vers son mandat de réparations.
Ce fonds est très important. La guerre en Ituri a laissé les rescapés dans un état de vulnérabilité très grave. Ils ne peuvent pas s’en sortir eux-mêmes. Ils ont absolument besoin d’une aide. Le problème est que, si on les laisse continuer en cet état, la guerre risque de reprendre tôt ou tard, car les enfants sont en train de grandir avec une terrible haine et une désir profond de se venger contre ceux qui ont tué papa en les forcant ainsi dans une vie d’orphelin sans espoir. Il faut les aider et seule une action multidimensionnelle serait efficace (touchant le volet economique, le volet psychologique et le volet scolarisation).
Depuis une année j’ai initié un programme pour les orphelins et leurs mamans (les veuves) qui sont tombés dans cet état à cause de la guerre. 30 enfants filles et garcons sont soutenus dans la scolaristion (au primaire et secondaire) et nous aidons leurs mamans (veuves) à l’autodependance economique, et nous les appuyons au point de vue psychologique.
Mon identité:
Dr Batibuka Pontien, Secrétaire Général Académique de l’Université Shalom de Bunia.