Germain Katanga & Mathieu Ngudjolo Chui in court
qui sommes Germain Katanga &
Mathieu Ngudjolo Chui?

Par Sheila Vélez

Nous vous présentons la Chronique Katanga et Ngudjolo #8, qui à l’origine a été publiée sur le site web d’Aegis Trust. Les vues et opinions exprimées ici ne reflètent pas nécessairement les vues et opinions d’Open Society Justice Initiative.

Le procès de l’affaire Le Procureur c. Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui reprend ce matin avec le témoignage d’un témoin expert cité par l’Accusation. Zoran Lesić (témoin 419) est un photographe qui va montrer ses photographies du village de Bogoro, le lieu où les crimes auraient été commis.

Germain Katanga, d’origine Ngiti, commandant présumé de la Force de Résistance Patriotique en Ituri en (FRPI), et Mathieu Ngudjolo Chui, d’ethnie Lendu, ancien dirigeant présumé du Front des Nationalistes intégrationnistes et, (FNI), sont accusés de trois crimes contre l’humanité et crimes de guerre. L’Accusation fait valoir que ces crimes ont été commis pendant et au lendemain de l’assaut sur le village de Bogoro le 24 février 2003, dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique menée conjointement par le FNI et le FRPI contre la population Hema en Ituri.

M. Lesić est un pionnier des « présentations 360 degrés » qui se composent d’images satellite, de photographies prises par un drone et de photos prises avec sa propre caméra. Les images ont été utilisées dans diverses enquêtes de cas au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. « Tout ce qui est nécessaire pour la salle d’audience, une vidéo ou une photo, c’est cela essentiellement mon travail », explique M. Lesić. En 1997, il est entré au tribunal international en tant que technicien visuel au Bureau du Procureur, et a été le premier membre du personnel à employer cette technologie.

En mars 2009, Lesić s’est rendu au village de Bogoro pour créer la présentation visuelle. Il s’agissait d’une mission de trois jours marquée par une situation sécuritaire complexe. « Le 30 nous n’avons pas été en mesure de travailler en raison des hostilités. On nous a informé que Bogoro allait être attaqué », explique le témoin. Accompagné par d’autres experts – des experts en balistique, des enquêteurs et des agents de sécurité – la délégation a reçu l’ordre d’abandonner la scène du crime avant le coucher du soleil, à cinq heures du soir.

Le procureur Gilles Dutertre montre la présentation de 360 ​​degrés à tous les participants pendant qu’il examine attentivement toutes les photos prises par le photographe. Une image satellite apparaît sur les écrans publics sous le titre de « Bogoro, District de l’Ituri, République Démocratique du Congo. » Le procureur suit chaque petit détail, ce qui ralentit l’examen des éléments de preuve. M. Gilles Dutertre explore chaque point géographique – la localisation exacte de Bogoro, la route qui mène au village et même comment fonctionne cette technologie des 360 degrés. À un certain point, le Procureur montre au public une image finale de la scène du crime: l’Institut de Bogoro. M. Dutertre examine avec le témoin le bâtiment et la zone environnante.

Une telle attention aux détails mineurs fait perdre patience au conseil de la défense M. Andrea O’Shea. « Je pense que nous pouvons peut-être prendre des raccourcis dans une partie de ce témoignage. Nous n’allons pas prétendre que ce monsieur ne peut pas parler de cette présentation, mais nous n’avons pas le qualifier d’expert au point de vue juridique, car un expert, pour nous, c’est un témoin qui est pertinent pour un problème dans l’affaire qui nous concerne. La photographie ne constitue pas un problème dans cette affaire », explique l’avocat.

Après plusieurs questions tendancieuses posées par le Procureur, M. O’Shea ne cache pas sa frustration. « L’Accusation a présenté un résumé en disant que lors de l’examen de ce témoin, il lui serait posé des questions sur la présentation visuelle ‘en vue d’avoir une meilleure configuration du lieu où les crimes ont été commis’, mais [le Procureur] n’a rien dit au sujet d’un débat sur des crânes … » dit M. O’Shea. « Je ne vois pas la pertinence de ces questions et nous n’avons pas été informés à ce sujet. »

L’interrogatoire du témoin 419 se termine par quelques questions d’éclaircissement posées par la défense de Germain Katanga. Ils veulent évaluer la connaissance que le témoin a de l’endroit où les crimes auraient été commis. L’avocat de M. Ngudjolo annonce qu’il n’a pas de questions à poser à ce témoin.

Le témoin 250, un ancien soldat du FNI qui a combattu à la bataille de Bogoro doit passer à la barre mercredi. 


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