Germain Katanga & Mathieu Ngudjolo Chui in court
qui sommes Germain Katanga &
Mathieu Ngudjolo Chui?

Par Sheila Vélez

Nous vous présentons la Chronique Katanga et Ngudjolo #9, qui à l’origine a été publiée sur le site web d’Aegis Trust. Les vues et opinions exprimées ici ne reflètent pas nécessairement les vues et opinions d’Open Society Justice Initiative.

L’Accusation a appelé son troisième témoin, un ancien soldat qui a combattu à Bogoro dans les rangs du Front des Nationalistes et intégrationnistes (FNI), le groupe armé Lendu prétendument dirigé par Mathieu Ngudjolo. Aujourd’hui, il est dans la même pièce que l’homme dont il dit qu’il a été son chef. C’est évidemment une situation qui le perturbe considérablement. Après une évaluation psychologique, l’Unité des victimes et des témoins décide que ce témoin est vulnérable et suggère que la Chambre lui accorde des mesures spéciales de protection. Tout contact visuel entre le témoin et Mathieu Ngudjolo est à éviter et un psychologue va maintenant l’accompagner quand il va répondre à des questions. Avec un pseudonyme et une déformation de la voix et de l’image, le témoin 250 commence son témoignage. « Monsieur le Témoin, permettez-moi de vous référer à un point spécifique qui sera le point de départ pour votre témoignage. Je fais allusion au 9 août 2002, à Bunia, après la chute du gouvernement Lopondo … Où étiez-vous? » demande Eric MacDonald.

Le Procureur parle d’une époque où des conflits armés ravageaient le territoire de l’Ituri. Il s’agissait de plusieurs groupes armés organisés, dont l’UPC et les milices Lendu et Ngiti, le FNI et le FRPI. En août 2002, l’UPC s’est emparé de la ville de Bunia. Les résidents non-Hema ont été déplacés et se sont enfuis. Parmi eux se trouvait Mathieu Ngudjolo, d’ethnie Lendu, et le témoin 250, qui était étudiant à l’époque. Ils se sont tous les deux enfui dans la même direction, vers le village de Zumbe dans le groupement Ezekere.

Le témoin 250 explique comment l’insécurité s’est répandue dans la région de Zumbe. La situation a conduit les dirigeants locaux à organiser des groupes de défense. « Au début cela a été fait individuellement. Ce pouvait être une mère. Ce pouvait être un enfant. Ils se sont tous organisés à leur manière pour défendre cet endroit », dit le témoin 250. « Contre qui vous défendiez-vous à ce moment-là? » demande du Procureur. « C’était des soldats de l’UPC », répond le témoin. Il parle de l’UPC, constituée principalement de membres de la communauté Hema.

UPLe témoin 250 explique comment une structure militaire a été progressivement développée et comment Mathieu Ngudjolo a commencé à consolider son autorité sur les combattants Lendu dans la région de Zumbe. « Notre groupe est devenu plus structuré et plus mature, il y avait un seul chef. Son objectif était de ramener l’ordre dans le groupe. Lorsque nous sommes devenus un groupe sérieux, c’est Ngudjolo qui était notre chef, Mathieu Ngudjolo …. Il a été élu par la population déplacée. Au début, il était infirmier ». Mathieu Ngudjolo est né dans la localité Likoni du groupement Ezekere où il se serait installé et se serait intéressé aux combattants Lendu après la prise de Bunia par l’UPC en août 2002. Selon l’Accusation, à l’époque où les hommes de Thomas Lubanga ont pris le contrôle de Bunia, Mathieu Ngudjolo travaillait comme infirmier à Bunia et Zumbe.

Comme l’a déclaré le témoin, quand Ngudjolo est devenu le chef, divers camps militaires ont été créés dans la région de Bedu-Ezekere – à Lagura, Kambutso, Adile et au centre même de Zumbe. « Qui était le chef des soldats qui se trouvaient à Zumbe? » demande M. MacDonald. « À l’époque, Mathieu Ngudjolo était l’officier le plus gradé qui était responsable d’eux. C’était lui le chef des combattants du groupement Bedu-Ezekere », dit le témoin. L’Accusation veut démontrer que de la fin de 2002 jusqu’à l’attaque conjointe FNI / FRPI de Bogoro le 24 février 2003, Mathieu Ngudjolo et Germain Katanga étaient les commandants en chef de leurs forces. Elle veut prouver que les deux dirigeants sont pénalement responsables des crimes commis en vue d’«effacer» Bogoro, « un plan commun élaboré par les accusés et d’autres commandants. »

« Bogoro, c’était une sorte de forteresse », se souvient le témoin 250. « On disait, ‘si vous êtes forts, alors venez attaquer Bogoro’ ». La présence de l’UPC dans le village était écrasante. « Le nombre de soldats était plus élevé que le nombre d’arbres », dit-il. Les hommes de Lubanga ont créé un camp militaire dans le centre du village à l’Institut de Bogoro. Mais, selon l’Accusation, le projet était de détruire non seulement le camp de l’UPC, mais tout le village.

Germain Katanga, commandant présumé de la Force de Résistance Patriotique en Ituri (FRPI), et Mathieu Ngudjolo Chui, ancien dirigeant présumé du Front des Nationalistes et intégrationnistes (FNI), sont accusés de trois crimes contre l’humanité (assassinat, esclavage sexuel et viol ) et de sept crimes de guerre (utilisation d’enfants de moins de 15 ans pour leur faire prendre une part active aux hostilités; attaque intentionnellement dirigée contre une population civile en tant que telle; homicide volontaire, destruction de biens, esclavage sexuel et viol, le pillage). L’Accusation soutient que ces crimes ont été commis pendant et au lendemain de l’assaut sur le village de Bogoro le 24 février 2003 dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique menée conjointement par le FNI et le FRPI contre la population Hema en Ituri.


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